« Il s’agit aussi de parler de joie et de résilience, toujours en pointillés, et les trois interprètes le portent avec une vérité et une finesse confondantes. »
Ainsi, on pouvait découvrir ce week-end le travail de la cie Rouge Eléa, avec le spectacle On est là, tout va bien. Une proposition en extérieur qui mêle acrobaties aériennes sur une échelle revisitée, danse au sol, et musique, le tout en plein air, avec une scénographie toute simple faite de petits morceaux de plâtre (sans doute) blanc, dont on va vite comprendre qu’il vont figurer des morceaux de banquise. En un prologue et quatre scènes, c’est un spectacle assez narratif mais complètement surréaliste et/ou absurde (extrait : « En attendant le tsunami, on s’accroche à la boule à facettes ! ») et, dans cette catégorie, complètement délicieux. Il s’agit de parler en pointillé du dérèglement climatique, mais par un détour intelligent et pas du tout moralisateur. Il s’agit aussi de parler de joie et de résilience, toujours en pointillés, et les trois interprètes le portent avec une vérité et une finesse confondantes. La musique jouée en direct par Ander Fernandez Jauregui est vraiment excellente, ce qui ne contribue pas peu à l’émotion délicate qui se dégage de l’ensemble. La danse, l’expression, l’intensité de présence et de sourire d’Amaia Elizaran y contribuent aussi. Le spectacle est encore jeune et on peut lui trouver des petits défauts : notamment, les parties aériennes, qui sont beaucoup portées par Alicia Rechac, qui en fait quelque chose d’intéressant, semblent un peu déconnectées du reste de la dramaturgie, et l’invite faite aux spectateurs de se joindre aux artistes au plateau ne va pas plus loin que de les faire asseoir, immobiles, au milieu de l’espace de jeu. Pour autant, il y a là quelque chose qui frémit, quelque chose de très beau et émouvant, plein de poésie, de joie et de folle douceur (ou de douce folie?), et on aimerait vraiment voir cette proposition déployer tout son potentiel !