Étonnant ces jours-ci où j’essaie de sortir la tête de la création, de respirer autrement l’air autour de moi, d’élargir la vision, ça fait déjà longtemps que nous répétions le spectacle avec beaucoup d’efforts, de travail, de folies, de réflexions. Et voilà que ça vient juste de s’arrêter, soudainement, la première représentation est l’étrange mise à mort de ces mois de chevauchée. Depuis quelques jours, contre coup de l’après, je me remets très lentement à la vie normale, je me laisse réinvestir par les jours. En même temps mon fragile ego de terrienne et d’artiste qui plus est, s’agite, me titille et me laisse peu de répit, à la fois je les fuis et à la fois je les quémande ces critiques qui nous parviennent, jouissives ou peu plaisantes, je les espère en détournant les regards. Et c’est comme une roulette russe.
Menue confiance me remue les tripes.
Et Bim, aujourd’hui, je ne peux pas être déçue, nous recevons des encouragements et qui arrivent en grands nombres, des spectateurs, de la presse, des enfants, des professionnels ! Joie ! Pourtant, chose étrange, ma légitimité encore chahutée, fébrile, remise en question éternelle dans ce milieu aride et sauvage de la culture…
Je m’égare… Là… Voilà… Remerciements confus et sincères pour tous les retours bluffants que vous nous envoyez… Droit, direct en pleine poitrine. Non, vraiment, c’est crucial.
Et remerciements encore plus grands que j’adresse à tous mes précieux partenaires, les invisibles, ceux sans qui « Ceci » ne serait pas : Marianne Etcheverry, Fanny Soriano, Oier Guillan, Idoia Beratarbide, Laurent Gauthier et mes partenaires de jeu Marine Dubois, Javier Barandiaran, Ander Fernandez… Et d’autres encore dans l’ombre qui ont fait un bout du chemin…
Et heureusement dans le « grand milieu professionnel culturel » il y a ces fidèles, sensibles à la collision des fragilités et des forces ! Merci à eux pour leur confiance, leur implication, leurs engagements, non vraiment c’est encore plus crucial ! Et tous les partenaires, ici, nombreux qui nous donnent les moyens d’exercer professionnellement.
Et Francoise Sagan disait _ « Les règles du théâtre rejoignent celles du chemin de fer et de la roulette, 3 mois d’efforts, d’agitation, de cavalcade, de réflexion, de travail en fait réduit à rien en 1h30 de représentation, il y a là quelque chose d’héroïque, de fou, d’injuste, de romanesque bref quelque chose qui fait que quoi qu’il arrive pas plus que je ne saurai renoncer au casino, je ne saurai renoncer, je crois, au théâtre. »